Seuil de rentabilité : un indicateur clé souvent négligé dans le bâtiment

Sophie Douch - Le 23/04/2025
Dans cet article :

    Le seuil de rentabilité n’est pas qu’une formule comptable : c’est une donnée essentielle pour piloter la stratégie de votre société. Souvent flou dans le secteur du bâtiment, cet indicateur permet pourtant de savoir à partir de quel niveau de chiffre d’affaires votre activité commence réellement à générer du bénéfice. En comprendre les enjeux, c’est poser les bases solides d’une entreprise pérenne, capable de prendre les bonnes décisions, au bon moment.

    Qu'est-ce que le seuil de rentabilité pour une entreprise ? La définition simple

    Le seuil de rentabilité, c’est le point d’équilibre entre ce que votre entreprise dépense et ce qu’elle gagne. C’est le moment précis où vos recettes couvrent toutes vos charges, sans encore générer de bénéfice. Donc concrètement, en-dessous du seuil de rentabilité défini, vous travaillez à perte. Au-dessus, vous dégagez de la marge.

    Plus simplement : c’est le chiffre d’affaires minimum que vous devez atteindre, sur une période donnée, pour que votre activité soit rentable.

    C’est un indicateur clé pour le pilotage et la pérennité d'une entreprise. Pourtant, dans le bâtiment, beaucoup de dirigeants et d’artisans n’ont qu’une vague idée de ce seuil pour leur activité. Résultat : des devis acceptés trop bas, des chantiers réalisés sans vraie rentabilité, des trésoreries sous tension… voire des fins de mois en rouge malgré un carnet de commandes rempli. Et pourtant, ce seuil peut se calculer simplement, et s’adapter à chaque métier.


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    Seuil de rentabilité en quantité, en volume, en jour, en valeur : comment l'interpréter selon votre activité ?

    Le seuil de rentabilité ne se lit pas toujours de la même façon selon que vous êtes peintre, maçon, électricien ou plaquiste. Pour qu’il soit utile, il faut le traduire dans votre réalité terrain :

    En valeur (€)

    C’est le plus courant. Exemple : « Mon seuil est à 22 000 € par mois » = vous devez encaisser ce chiffre d’affaires minimum mensuel pour ne pas être déficitaire.

    En volume de chantiers

    Pratique si vous avez une offre homogène. Exemple : « Pour rester à l’équilibre, je dois signer 3 chantiers de rénovation intérieure à 8 000 € par mois ».

    En quantité produite

    Utile pour les métiers comme la peinture, la pose de carrelage, l’isolation ou la couverture. Exemple : « Il faut que je facture au moins 1 500 m² d’enduit projeté par mois ».

    En nombre de jours facturés

    Si vous vendez principalement du temps ou si vos tarifs sont à la journée. Exemple : « Mon équipe de 3 ouvriers doit facturer 60 jours de travail par mois pour atteindre l’équilibre ».

    Ce sont différentes appréciation de la rentabilité, mais chacune permet de mieux piloter son activité au quotidien, et de réagir plus vite si les objectifs ne sont pas atteints.

    Quelle est l'importance du seuil de rentabilité dans le secteur du bâtiment ?

    Dans le BTP, il ne suffit pas d’enchaîner les chantiers pour gagner sa vie. Il faut que chaque heure travaillée, chaque mètre carré posé, chaque facture envoyée contribue réellement à couvrir vos charges fixes et variables (coûts d’approvisionnement des matières premières et du matériel, loyer immobilier, salaires,...). C’est là que le seuil de rentabilité prend tout son sens.

    Et pourtant, cet indicateur reste trop souvent écarté au profit d’une logique de volume. L’erreur classique c'est de penser qu’un carnet de commandes plein garantit un bon résultat. Or sans chiffrage précis, sans connaissance de votre seuil de rentabilité, vous pouvez travailler tout un trimestre… sans dégager le moindre bénéfice.

    🔎📰
    En 2024, près de 18 000 entreprises du BTP ont mis la clé sous la porte, selon une étude Ellisphere relayée par Batiactu. Soit une hausse de 26,3 % des défaillances en un an. Dans 87,5 % des cas, il s’agissait de TPE, souvent récentes, étranglées par une baisse d’activité et une hausse des coûts de production. Autrement dit : des entreprises qui n’avaient pas les bonnes marges… ou qui les avaient mal anticipées.

    🎯 Pourquoi chiffrer son seuil de rentabilité change la donne ?

    Connaître, savoir chiffrer le seuil de rentabilité de son entreprise est essentiel pour :

    • Fixer ses prix avec justesse, sans rogner sa marge ni se faire sortir du marché

    • Anticiper les besoins de trésorerie, mois après mois, et ne plus subir les fins de chantier

    • Faire les bons choix de chantiers, en priorisant ceux qui vous rapprochent réellement de la rentabilité

    • Décider d’un recrutement, d’un achat ou d’un investissement, en ayant une vision claire de votre capacité à absorber de nouvelles charges

    • Éviter de travailler à perte sans le voir venir, chantier après chantier

    👉 En clair, le seuil de rentabilité transforme votre pilotage d’entreprise : il vous permet de remettre la rentabilité au cœur de vos décisions, et de passer du mode “survie” au mode “stratégie”.

    Comment calculer le seuil de rentabilité ?

    Le calcul du seuil de rentabilité repose sur 3 indicateurs stratégiques :

    • les charges fixes, c’est-à-dire toutes les dépenses que vous devez couvrir chaque mois, que vous ayez un chantier ou non (salaires et cotisations sociales, primes d'assurances, loyers, abonnements, leasing ou entretien des véhicules…) ;

    • la marge sur coût variable, autrement dit ce que vous gagnez réellement sur chaque chantier après avoir payé les matériaux, la sous-traitance, le carburant, etc. ;

    • et enfin, le chiffre d’affaires prévisionnel, qui dépend du nombre de jours facturés, du tarif journalier, et du type de prestations proposées.

    Seuil de rentabilité (en €) = Charges fixes ÷ Taux de marge sur coût variable

    Le taux de marge sur coût variable se calcule ainsi :
    (Chiffre d'affaires – Charges variables) ÷ Chiffre d'affaires


    Exemple de calcul pour une entreprise de peinture

    Une entreprise de peinture emploie 2 salariés, travaille principalement pour des particuliers et réalise environ 250 000 € de chiffre d’affaires par an.

    • Charges fixes annuelles : 75 000 € (loyer, salaires fixes, assurance, véhicule, téléphone…)

    • Charges variables : 120 000 € (peinture, consommables, carburant chantier, intérim…)

    • Taux de marge sur coût variable :
      → (250 000 – 120 000) ÷ 250 000 = 0,52


    👉 Seuil de rentabilité = 75 000 ÷ 0,52 = 144 230 €
    Résultat : cette entreprise doit réaliser au moins 144 230 € de chiffre d'affaires par an pour ne pas travailler à perte. En-dessous, elle perd de l'argent. Au-dessus, elle commence à générer un bénéfice.

    Exemple de calcul pour une entreprise de maçonnerie

    Prenons une TPE de maçonnerie générale avec 3 salariés et une activité très impactée par les charges de chantier.

    • Charges fixes : 110 000 € (salaires, bureaux, leasing machines, téléphone, assurances, dotations aux amortissements…)

    • Chiffre d’affaires annuel : 320 000 €

    • Charges variables : 180 000 € (matériaux, carburant, sous-traitance, intérim)

    • Taux de marge sur coût variable :
      → (320 000 – 180 000) ÷ 320 000 = 0,4375


    👉 Seuil de rentabilité = 110 000 ÷ 0,4375 ≈ 251 428 €
    Ce maçon doit donc encaisser au moins 251 000 € sur l’année pour atteindre l’équilibre. Cela revient à environ 21 000 € de chiffre d'affaires par mois.


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    5 clés pour maîtriser sa rentabilité sur le long terme

    Connaître son seuil de rentabilité, c’est une chose. Le maintenir, le surveiller et l’optimiser durablement, c’en est une autre. Dans cette partie, chaque point correspond à une action concrète pour mieux gérer son activité et éviter de voir sa rentabilité s’effriter au fil des mois.

    1. Revoir ses prix de vente au moins une fois par an

    Le marché évolue vite : hausse du SMIC, flambée des matériaux, fin de certaines aides… Si vos tarifs ne suivent pas, vos marges s’érodent.
    Faites le point sur vos tarifs chaque année, ou à chaque nouveau chantier type. Vérifiez qu’ils couvrent bien vos coûts réels + la marge nécessaire pour assurer la pérennité de votre activité.

    👉 Un artisan qui garde les mêmes prix pendant 3 ans alors que ses charges augmentent travaille à perte sans le savoir.

    2. Suivre les coûts par chantier, pas juste globalement

    Il ne suffit pas de faire les comptes en fin d’année. Chaque chantier mérite un mini-bilan : temps passé, matériaux consommés, frais de déplacement, aléas…
    Identifiez les projets qui vous ont fait gagner de l’argent, et ceux qui vous en ont coûté. Ce retour d’expérience est clé pour affiner vos devis et ajuster vos méthodes.

    👉 Utilisez un tableau Excel ou un outil pro comme Obat, Tolteck ou Batappli pour visualiser vos coûts en temps réel.

    3. Anticiper les réapprovisionnements pour éviter les interruptions

    Un chantier qui s’arrête faute de matériel, c’est de la main-d'œuvre immobilisée, donc de la marge en moins. La gestion des stocks est un levier souvent sous-estimé, alors qu’un simple oubli peut désorganiser toute une journée.

    👉 Vérifiez les stocks avant chaque démarrage, faites livrer les matériaux en une fois dès que possible, et gardez toujours une petite réserve sur les consommables clés.

    4. Mieux organiser les trajets liés aux chantiers

    Les déplacements font partie intégrante du métier, mais chaque heure sur la route est une heure non productive. Allers-retours pour du matériel, passage au dépôt, détour pour une signature… tous ces trajets doivent être intégrés dans le calcul de rentabilité.

    👉 Centralisez les achats, planifiez les tournées avec précision, et mutualisez les véhicules quand c’est possible.

    5. Limiter les journées improductives

    Jour de pluie sans solution de repli, attente d’un sous-traitant, client absent pour l’ouverture du chantier… Ces journées creuses ne sont jamais récupérées. Elles pèsent directement sur le seuil de rentabilité.

    👉 Ayez toujours un chantier “tampon” ou des tâches secondaires à avancer. Mieux vaut 4 heures de préparation utiles que 8 heures à vide.


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    Quand le seuil de rentabilité est-il atteint ? Étude de cas sur un chantier concret

    Le contexte

    Lucas a lancé son entreprise générale du bâtiment début 2022 dans la région lyonnaise. Il travaille avec un ouvrier salarié et une apprentie. Il intervient principalement chez des particuliers pour des rénovations complètes : cuisine, salle de bain, cloisons, peinture, revêtements, petits travaux de maçonnerie.

    Il est encore en phase de rodage : son réseau se construit, son rythme de chantiers s’installe, mais la question qui le hante reste la même : gagne-t-il réellement de l’argent ?

    Le seuil de rentabilité de l’entreprise

    Au mois :
    Lucas a environ 6 900 € de charges fixes (salaires, cotisations, primes d'assurance, abonnements…) et 1 900 € de charges variables (carburant, matériaux, sous-traitance ponctuelle…).
    👉 Seuil de rentabilité mensuel : 8 800 € HT
    Avec un tarif moyen de 450 € HT par jour, il doit facturer 19,5 jours par mois pour couvrir ses charges.


    À l’année :
    Sur le papier, il pourrait travailler 240 jours par an (20 jours/mois).
    Mais entre congés, intempéries, creux d’activité et aléas, il facture en réalité autour de 185 jours/an.
    👉 Pour atteindre ses 105 600 € de charges annuelles (8 800 € x 12), il devrait facturer 570 € HT/jour sur les jours réellement productifs.
    Or, il en est à 450 €/jourle compte n’y est pas encore.

    Alors, quand sera t-il rentable ? (mois vs. année)

    • Dans un bon mois, avec un enchaînement fluide de chantiers et sans jour creux : il atteint son seuil vers le 19e jour.

    • Sur l’année, s’il ne change rien : il ne couvre pas ses charges. Il creuse un écart de rentabilité d’environ 120 € HT par jour facturé, soit plus de 20 000 € de manque à gagner sur l’exercice.

    👉 Le moment où le seuil de rentabilité est atteint s'appelle le point mort. Souvent confondu avec le seuil de rentabilité, cette notion, qui lui est liée, n'exprime pas totalement la même chose.

    Les chantiers rentables vs. chantiers non rentables

    Chantiers rentables :

    • Rénovation de salle de bain sans modification de plomberie

    • Cloisons + peinture dans un petit logement

    • Plusieurs interventions groupées dans un immeuble (ex. caves ou studios)

    Chantiers non rentables :

    • Petits dépannages éloignés (demi-journée pour 300 €…)

    • Travaux mal cadrés avec reprises ou finitions non prévues

    • Chantiers dépendant de sous-traitants pas toujours disponibles

    La situation de l'entreprise sur l’exercice

    Lucas travaille beaucoup mais ne dégage pas encore de marge nette. Il facture régulièrement, mais reste juste en dessous de son seuil annuel de rentabilité.

    Il compense avec un peu d’épargne, et n’a pas encore investi dans du matériel lourd ni dans un local. Il tient, mais il n’a pas de matelas de sécurité. Si une panne, une blessure ou une baisse du niveau d’activité survient, il ne pourra pas suivre longtemps.

    Les pistes concrètes pour atteindre la rentabilité

    Utiliser Habitatpresto Pro pour obtenir des chantiers rentables

    Perdre moins de temps sur de la prospection parfois complexe et infructueuse permet de se concentrer sur les devis sérieux et les chantiers vraiment porteurs. Habitatpresto Pro est une solution simple pour remplir votre planning sans multiplier les déplacements ni les rendez-vous inutiles.

    Revoir son tarif journalier à la hausse

    Passer de 450 à 500 € HT/jour permettrait de couvrir les charges annuelles, sans augmenter le volume de travail. À condition d’en justifier la valeur perçue par le client.

    Mieux planifier les semaines creuses

    Plutôt que de subir les périodes à vide, prévoir des “petits chantiers tampon” bien margés : pose de revêtements, retouches peinture, reprise de joints, etc.

    Mieux intégrer ses trajets dans les devis

    Chaque déplacement doit être valorisé, intégré dans le chiffrage ou mutualisé avec d’autres interventions.

    Cibler les zones proches

    Limiter son rayon d’action géographique évite de perdre du temps et de l’argent sur la route, surtout pour les chantiers de faible valeur.

    Négocier davantage ses tarifs fournisseurs

    Acheter au fil de l’eau coûte souvent plus cher. En regroupant vos commandes ou en planifiant vos achats à l’avance, vous pouvez obtenir des remises, éviter les ruptures et mieux maîtriser vos marges. Même une réduction de 5 % sur les matériaux a un impact direct sur votre rentabilité mensuelle.


    Lucas aurait, en effet, tout à gagner à recevoir des demandes de devis dans sa zone, pour des chantiers adaptés à son savoir-faire. C'est justement ce que propose Habitatpresto aux artisans du BTP. Moins de perte de temps, plus de rentabilité !


    👷 Le Conseil du Pro : Prenez du recul sur vos premiers résultats

    Dans le bâtiment, il est fréquent que les premières années soient marquées par une rentabilité irrégulière. Cela ne reflète pas une mauvaise gestion, mais la réalité d’un secteur exposé aux aléas : variation des charges, décalages de trésorerie, imprévus chantier, pression sur les prix… Ce qu’il faut retenir, c’est que la rentabilité n’est pas un état figé, mais un levier d’ajustement permanent. Et dans bien des cas, il suffit de quelques actions ciblées pour redresser la barre : affiner ses devis, choisir ses chantiers selon leur potentiel réel, regrouper ses achats, intégrer les coûts indirects dans le calcul, ou simplement suivre ses marges chantier par chantier.

    Les questions fréquentes

    Quelle est la différence entre seuil de rentabilité et point mort ?

    La différence entre seuil de rentabilité et point mort est simple : le seuil est le chiffre d'affaires minimum pour couvrir les charges, tandis que le point mort est le moment dans le temps où ce seuil est atteint. L'un fixe une cible, l'autre une échéance précise en jours ou en mois.

    Quelle est la formule de calcul du point mort ?

    Pour connaître le point mort, il faut diviser le seuil de rentabilité par le chiffre d'affaires moyen par jour : Point mort = Seuil de rentabilité / CA quotidien. Exemple : 8 800 € / 450 € = 20 jours pour atteindre l'équilibre. Ce calcul affine la gestion de l’activité.

    Comment savoir si un chantier est rentable ?

    Pour vérifier la rentabilité d’un chantier, il faut comparer les coûts totaux (matériaux, main-d'œuvre, frais) au chiffre d'affaires encaissé. Si la marge nette dépasse l'objectif fixé (ex. : 30 %), le chantier est rentable. Sinon, il faut ajuster les devis ou processus.

    Comment faire un tableau de rentabilité financière ?

    1. Créer un tableau par chantier.
    2. Ajouter : CA facturé, charges directes, temps passé, marge dégagée.
    3. Comparer prévisionnel vs réalisé.
    4. Identifier les chantiers performants.
    5. Ajuster la stratégie selon les résultats.
    Un tel tableau aide à piloter efficacement l’entreprise.

    Comment calculer la marge d'un chantier ?

    Pour calculer la marge d’un chantier, utilisez la formule : Marge = (CA – Coûts) / CA × 100. Exemple : 12 000 € de CA et 8 500 € de coûts donnent une marge de 29 %. Ce taux indique si l’activité est rentable et permet d'optimiser les prix.

    Références :


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