Inflation : un observatoire des prix des matériaux créé en 2023

Adrien Maridet - Le 28/11/2022
Dans cet article :

    Dans un contexte de forte inflation, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a annoncé la mise en place d'un observatoire des prix des matériaux de construction, à l'occasion des "24 heures du Bâtiment", organisées par la FFB, le 18 novembre 2022. Alors que son entrée en vigueur est prévue au 1er janvier 2023, le dispositif a vocation à apporter plus de visibilité aux acteurs de la filière et à assurer une réelle solidarité entre toutes les entreprises du BTP. Détails.


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    Malgré des indicateurs d'activité qui continuent d'être au vert au troisième trimestre 2022, les artisans du BTP doivent faire face à une hausse brutale et continue du coût des matériaux de construction et des prix de l'énergie (carburants, gaz, électricité...), mais aussi à des difficultés d'approvisionnement de plus en plus pesantes.

    Un contexte inflationniste "de plus en plus tendu"

    Ces fortes tensions apparues au début de la crise sanitaire sont depuis exacerbées par la guerre en Ukraine, qui s'éternise depuis le 24 février. Cette combinaison de facteurs met à mal la trésorerie et l'organisation des entreprises. En raison de cette très forte inflation et de pénuries de matériaux (acier, bois, béton, verre...), bon nombre d'entreprises ont bien du mal à tenir les délais prévus et à garantir les tarifs convenus initialement avec leurs clients. Aucun secteur d'activité n'échappe à cette hausse des prix, subie depuis plus de 2 ans et qui s'est encore accélérée en 2022.

    Certains matériaux particulièrement impactés

    "La tension sur les prix demeure présente et affecte toute la filière, se traduisant par une augmentation des coûts de la construction qui enregistrent au deuxième trimestre 2022 une augmentation de 8 % sur un an, selon l'Insee. Les indices de prix ont fortement grimpé pour plusieurs matériaux de construction, tout comme le cours de certains métaux", révèle la CAPEB, dans sa note de conjoncture publiée en octobre. C'est notamment le cas du zinc, du fer, de l'acier, de l'aluminium, mais aussi des tuiles ou des briques.

    Ainsi, depuis janvier 2022, les entreprises du BTP, tous corps de métier confondus, sont confrontées à une hausse moyenne du prix des matériaux de 26 %, comme le souligne la CAPEB, dans son étude menée en novembre 2022 auprès de 1 700 entreprises artisanales du bâtiment. Une augmentation de 18 % avait déjà été observée sur l'année 2021.

    Et ce, alors qu'en moyenne, l'achat de matériaux de construction et autres équipements représente en moyenne 31 % des coûts d'une société du bâtiment. Conséquences ? Près de 9 entreprises sur 10 (89 %) ont été contraintes de réviser leurs prix et de réajuster leurs devis à la hausse pour s'y retrouver et ne pas finir par boire la tasse.

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    Quel est le rôle de cet observatoire des prix des matériaux ?

    Évoquée fin septembre 2022 par la Fédération française du bâtiment (FFB), lors des Assises du BTP, la création d'un observatoire des prix des matériaux va se concrétiser dès le début d'année prochaine. Jusqu'alors en cours d'expérimentation, le dispositif verra le jour "au 1er janvier 2023", a assuré le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, à l'occasion des "24 heures du Bâtiment", organisées par la FFB, le 18 novembre 2022.

    Cet observatoire aura pour objectif d'apporter plus de visibilité aux différents acteurs de la filière du bâtiment. Son rôle sera aussi de veiller au respect des bonnes pratiques contractuelles et commerciales. "Il est important que les entreprises puissent discuter d'égal à égal avec leurs fournisseurs ou leurs clients, quelle que soit leur taille", avait déjà insisté la ministre déléguée chargée des PME, du commerce et de l'artisanat, Olivia Grégoire. La mise en place de cet observatoire des prix des matériaux s'inscrit ainsi dans une démarche de solidarité et vise à préserver aussi bien les entreprises du secteur du BTP que l'emploi.

    Cette annonce de Bruno Le Maire fait suite aux interrogations soulevées par le président de l'organisation professionnelle, Olivier Salleron, revenu à la charge concernant l'origine et les raisons de ces hausses de prix à répétition. Et ce, alors que cette crise des matériaux devient de plus en plus difficile à supporter pour bon nombre d'entreprises du BTP. "Ce sont toujours les mêmes questions qui reviennent", a regretté le président de la CAPEB, cité par Batiactu. Avant d'ajouter, passablement agacé : "Ce n'est pas nous qui faisons les superprofits, ce sont certains qui manquent de solidarité dans la filière".

    Un souhait d'étendre l'indexation des prix aux marchés privés

    Pas de quoi rassurer pleinement les professionnels du BTP, qui estiment que l'indexation systématique des prix dans les marchés publics revêt une "importance capitale", tout comme le fait d'appliquer une indexation des prix aux marchés privés, qui représentent 70 % des marchés de la construction.

    À ce sujet, Olivier Salleron est de nouveau monté au créneau : "Il est intolérable que nos entreprises, rendues captives par des devis signés il y a plusieurs mois, supportent seules les dérapages de coûts liés à des crises internationales et à des comportements parfois plus spéculatifs qu'économiques". Et de tirer la sonnette d'alarme : "Que restera-t-il aux donneurs d'ordres indélicats, aux fournisseurs trop gourmands, aux promoteurs et aux bailleurs intraitables, quand les entreprises du bâtiment auront mis la clef sous la porte ou seront dans l'incapacité de finir les chantiers ?"

    En réponse, Bruno Le Maire s'est montré peu loquace. "Il ne faut pas imposer de pénalités à un artisan ou une entreprise du bâtiment qui a des retards dus aux difficultés d'approvisionnement. Ce serait bien que les autres acteurs (que publics) l'entendent", a-t-il réagi.

    "S'il faut réunir tous les grands acteurs et représentants du secteur privé pour rééquilibrer les pouvoirs de force, je suis prêt à le faire", a néanmoins reconnu le ministre de l'Économie, loin d'être opposé à cette initiative de la FFB.

    Beaucoup d'incertitudes pour 2023

    Quoi qu'il en soit, la FFB craint que ce contexte inflationniste ne se poursuive dans les prochains mois, au moins jusqu'en début d'année 2023, "du fait des nouvelles hausses prévues sur les prix des matériaux, mais aussi d'une accélération du poste salaires en répercussion de la forte inflation et des difficultés de recrutement de plus en plus intenses auxquelles se trouve confronté le secteur".

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