Anne-Lise, Emma, Mathilde, Lylou et Mélanie ont en commun le fait d'avoir choisi de se former aux métiers du BTP par la voie de l'apprentissage. Très fières de faire partie des 12,1 % de salariées féminines des entreprises du bâtiment et de la construction, elles sont la preuve que ces professions ne sont pas qu'une affaire d'hommes. À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous sommes allés à leur rencontre au sein du BTP CFA Allier de Vichy-Bellerive. Témoignages.
Découvrez en vidéo le témoignage inspirant de femmes dans les métiers du BTP
Situé à Bellerive-sur-Allier, le BTP CFA Allier est l'un des onze centres de formation pour apprenti(e)s du bâtiment implantés dans la région Auvergne Rhône-Alpes. L'établissement propose des formations diplômantes allant du CAP au brevet professionnel (BP), en passant par le bac pro ou encore le BTS. Au total, une dizaine de filières de métiers sont dispensées (bois, gros œuvre, couverture, électricité...) sur plus de 3 000 m² d'ateliers aménagés. Le CFA de Vichy/Bellerive accueille dans ses murs des jeunes, à la sortie de leur 3ᵉ et âgés de 15 ans révolus, amenés à signer un contrat d'apprentissage en entreprise, dans la spécialité de leur choix.
Les femmes minoritaires, mais présentes "dans tous les métiers"
Au total, près de 550 jeunes fréquentent le CFA cette année. Parmi les alternants inscrits, 26 filles, pour qui ce parcours n'a rien d'un hasard. Et ce, alors que les formations et métiers du BTP restent encore trop souvent connotés masculins. "Même si on a encore de la marge, les inscriptions sont en légère progression depuis plusieurs années. Cette hausse n'est pas aussi rapide qu'on pourrait le souhaiter, mais on espère maintenir cette dynamique, dans une période où nous sommes en déficit de jeunes, avec des demandes d'entreprises non satisfaites", assure le directeur de l'établissement, Jean-Jacques Devaux.
Pour Jean-Jacques Devaux, faire appel à un apprenti permet de "gérer à moyen et long termes les besoins d'une entreprise"
"Vingt ans en arrière, on ne comptait qu'une à trois filles en formation, le plus souvent inscrites dans un seul métier, généralement en peinture ou en carrelage. Aujourd'hui, le ratio reste encore faible par rapport aux hommes, et même si les clichés de métiers pénibles et physiques restent tenaces, on note une diversification des professions vers lesquelles les femmes se tournent et sont recrutées. On retrouve dorénavant des profils féminins dans le gros œuvre, en électricité, en menuiserie ou encore en plomberie", se réjouit-il.
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Anne-Lise : une vocation précoce
Certains jeunes peuvent avoir une révélation grâce à leur stage de 3ᵉ. D'autres savent vers quoi ils vont se diriger dès leur tendre enfance. C'est le cas d'Anne-Lise, 15 ans, pour qui la vocation a été beaucoup plus précoce. "Depuis toute petite, ça me passionne, je savais que j'allais partir dans les métiers du bâtiment", reconnaît-elle. La jeune fille a "la chance d'avoir pu effectuer 2 semaines de stage" en entreprise, qui l'ont convaincue de poursuivre dans cette voie. C'est dans cette même entreprise, spécialisée en plâtrerie-peinture, qu'elle a depuis signé son contrat d'apprentissage et travaille notamment aux côtés de son père, lui aussi salarié de la société.
Anne-Lise, 15 ans, est la preuve que les métiers du bâtiment ne sont pas réservés aux hommes
Actuellement en 1ʳᵉ année de CAP métiers du plâtre et de l'isolation (MPI), la jeune femme suit fièrement les pas de son papa, mais aussi ceux de son grand-frère. Seule fille de sa classe, elle a facilement trouvé sa place au milieu des garçons et se sent désormais comme un poisson dans l'eau.
Ce qu'elle aime par-dessus tout, c'est de pouvoir travailler de ses mains. Pose d'une cloison ou d'un doublage, isolation des murs et des plafonds..., "les chantiers sont toujours différents d'un logement à un autre. Que ce soit dans une maison neuve ou dans le cadre d'une rénovation, on sait d'où on part, mais on voit surtout le résultat à la fin. C'est de pouvoir constater cet avant / après qui me plaît", souffle celle qui a toujours le goût des choses bien faites. Et ce n'est pas son professeur de finition qui dira le contraire : "Elle est motivée, sérieuse et talentueuse. Elle est là où elle doit être. Sa voie est toute tracée", assure-t-il, dans un grand sourire.
Anne-Lise sait déjà ce qu'elle veut. "Je compte obtenir mon CAP, puis repartir sur 2 ans de BP, pour ensuite créer ma propre entreprise. En parallèle, j'aimerais aussi préparer un CAP peinture", qui lui permettrait d'acquérir une double compétence.
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Emma, Mathilde et Lylou : des profils très différents
Au CFA, chaque apprenti dispose d'une cabine dans laquelle il met en pratique des réalisations selon les demandes précises de ses formateurs. Dans l'un des ateliers de l'établissement, Emma, Lylou et Mathilde s'affairent à implanter des traverses, afin de couler une chape au sol, pour réussir la pose de carrelage. Depuis la rentrée de septembre, elles sont inscrites en 1ʳᵉ année de CAP carreleur-mosaïste.
Lylou, Emma et Mathilde (de gauche à droite) ont fait le choix de l'apprentissage
Tout juste âgée de 17 ans, Emma était plutôt indécise quant à son avenir. "J'ai toujours voulu faire un métier manuel, mais je ne savais pas trop vers quel secteur me diriger. De fil en aiguille, j'en suis venue au bâtiment et au métier de carreleur".
Sa camarade de classe, Lylou, a emprunté le même chemin "en tombant un peu par hasard sur le compte d'une tiktokeuse", nommée Kelly Cruz. Les vidéos de chantiers de cette influenceuse du BTP cumulent des centaines de milliers de vues sur les réseaux sociaux. Elle a longtemps hésité à franchir le pas. "Je craignais que les garçons soient un peu machos avec nous, je me disais que ça allait être compliqué de trouver ma place, mais je n'avais pas grand chose à perdre et même tout à gagner, donc je me suis lancée sur un coup de tête, sans faire de stage en immersion dans une entreprise", raconte la jeune fille.
Pour Mathilde, 26 ans, la donne est différente. La jeune femme a déjà fréquenté le CFA il y a 2 ans. Alors qu'elle avait entamé un CAP peinture, elle a finalement dû renoncer, ne trouvant pas d'entreprise. Loin d'être résignée, celle qui a aussi une expérience en plomberie est repartie sur un CAP, cette fois dans le carrelage, pour élargir ses compétences.
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Mélanie : une reconversion réussie
Au départ, rien ne prédestinait Mélanie, alors vendeuse dans le prêt-à-porter féminin, à travailler dans le bâtiment. Du haut de ses 46 ans, elle a finalement décidé d'entamer une reconversion professionnelle dans le BTP. C'est lors de son congé parental, en janvier 2021, qu'elle a décidé d'enclencher la deuxième et d'assumer sa passion pour la décoration et le graphisme. Un nouveau départ qui lui a permis de "renouer avec les valeurs essentielles de l'artisanat" et "mettre des pigments dans sa vie". Après avoir obtenu son CAP de peinture cette année, elle a décidé de poursuivre ses études sur un BP en 2 ans en tant que plaquiste afin de compléter sa formation.
En signant un contrat d'apprentissage, Mélanie a "retrouvé du travail tout de suite"
Pour la peintre en bâtiment, maman de 4 enfants, la formation en alternance ne revêt que des atouts. Et pour cause, en tant qu'apprenti, un jeune obtient le statut d'employé et est "déjà sur le marché du travail". En passant 1 semaine en cours au CFA et 3 semaines en entreprise, "on est tout de suite dans le bain et on sait très vite si on est fait pour le métier qu'on a choisi", insiste-t-elle.
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Des "métiers passion"
Au sein de l'entreprise Silence Home, basée à Cusset (Allier) et spécialisée dans les travaux d'isolation et de rénovation, Mélanie a la chance d'être "bien entourée" et de se sentir épanouie dans son travail.
Celle qui a changé de vie depuis 2 ans et demi ne regrette, aujourd'hui, pas du tout son choix. "J'ai trouvé mon équilibre. Je me lève le matin en étant contente d'aller travailler et je suis fière du travail accompli quand la journée se termine. Ce sont des métiers passion. Les journées sont intenses et le travail est physique. On est toujours dans l'action, ça entretient et on se sent vivre. Je me sens plus en forme qu'il y a 10 ans. En cas de difficulté et dès lors que j'ai besoin, il y a toujours quelqu'un pour m'aider. L'entraide, c'est ce qui est génial sur un chantier".
Des qualités "très appréciées" sur un chantier
Pour elle, pas de doute, une femme a tout à fait sa place dans une entreprise du bâtiment. "On a des qualités à mettre en avant, comme le calme, la patience, la minutie ou la finesse d'exécution, qui sont très appréciées dans une entreprise". Bonne nouvelle, le BTP, plus que jamais à la recherche de bras, est en mesure d'offrir aux femmes de nombreuses opportunités et de belles perspectives de carrière. La preuve, s'il en fallait une, que les métiers du bâtiment se conjuguent aussi au féminin.
Même son de cloche pour son maître d'apprentissage, Mourad Hajji. "Sur un chantier, la présence d'une femme apporte du calme et apaise les tensions qui peuvent parfois apparaître. Les femmes apportent aussi un plus en termes de contact avec les clients. Le travail réalisé est toujours propre et soigné", affirme-t-il.
Très investie dans son travail et de nature créative, elle a même lancé son compte Instagram sur lequel elle partage des vidéos tirées de son quotidien et de son activité de peintre en bâtiment et de plaquiste.
Pour autant, elle ne s'imagine pas enchaîner les chantiers jusqu'à l'âge légal de départ à la retraite. "J'ai l'objectif de devenir professeur au CFA. J'aimerais finir ma carrière en transmettant tout ce que j'ai pu voir et tout ce qu'on m'a appris. Depuis que j'ai entamé ma reconversion, je suis en admiration devant la façon d'enseigner de mes professeurs. Ils sont bienveillants avec nous et ont une autre manière d'enseigner qui fonctionne aussi avec des jeunes qui n'en pouvaient plus de l'école et qui étaient en situation d'échec dans l'enseignement général. Pour la grande majorité, ils leur permettent de renouer avec l'envie de travailler en classe", souligne la mère de famille. Comme le fait son maître d'apprentissage avec elle, par sa passion du métier, elle entend bien, dans quelques années, transmettre son savoir-faire. Une manière de boucler la boucle.
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Si vous souhaitez vous informer sur les formations dispensées en lien avec les métiers du BTP et être conseillé dans votre projet d'orientation, sachez que des journées portes ouvertes sont organisées tout au long de l'année dans tous les CFA de France. Elles se tiendront notamment les 11 mars et 3 juin 2023, de 9 à 13 heures, au BTP CFA Allier, comme dans tous les CFA de la région Auvergne Rhône-Alpes. Il est d'ailleurs possible de réserver un créneau en ligne, pour visiter l'établissement et échanger avec les équipes présentes.
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